On peut débattre de tout sauf des chiffres
Élisabeth Lévy
Indignations et criailleries ont accueilli les
travaux de France Stratégie qui prouvent qu’une révolution démographique est en
cours dans les grandes et moyennes villes de France. Si l’expression
Grand Remplacement, vous donne de l’urticaire, parlez de Grand Basculement.
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Station RER Gare-du-Nord, Paris, 23 septembre 2010, photo: Etienne Laurent/AFP |
« On peut débattre de tout sauf des
chiffres. » Cette
formule, employée par la propagande sanitaire du gouvernement pour nous
convaincre des bienfaits du vaccin, est éminemment contestable. Comme les
images, les chiffres parlent et comme elles, ils peuvent dire n’importe quoi. Reste qu’en l’occurrence, les
chiffres sont têtus. On peut les tordre dans tous les sens, se boucher le nez
et répéter « extrême droite » en guise de mantra conjuratoire, ils
prouvent bel et bien que le Grand Remplacement n’est pas un fantasme, mais une
réalité. Qu’on l’appelle désormais Grand Basculement, expression sans doute
préférée parce qu’elle n’a pas été forgée par Renaud Camus, n’y change rien.
Chacun pourra juger sur pièces dans les pages suivantes, mais résumons : une proportion croissante des enfants nés en France est issue de parents immigrés ou descendants d’immigrés extra-européens, c’est-à-dire pour une grande part originaires du Maghreb et d’Afrique noire, tandis que la part des enfants « de souche » se réduit. Ainsi, un tiers des bébés nés en 2018 a au moins un parent étranger. Sauf que le parent français est souvent lui-même issu de la « diversité » : nombre de « mariages mixtes » unissent un Français d’origine étrangère qui épouse une personne venue de son pays, voire de son village.
En effet, ces données qui,
faute de statistiques ethniques, se fondent sur le seul critère de la
nationalité, n’intègrent pas les enfants de la troisième génération qui, du
point de vue statistique, sont considérés comme des « natifs au
carré » (enfants français nés de deux parents français) : en clair,
la substitution démographique est encore plus importante que ce que suggèrent
les chiffres. Il faut ajouter que ce phénomène n’est plus concentré dans les
banlieues des grandes villes puisqu’il concerne aussi bien des cités autrefois
emblématiques de la douce France comme Orléans ou Poitiers – d’aucuns verront
dans ce dernier cas une revanche de l’histoire…
On me dira que c’est très mal
de distinguer les enfants en fonction de leur origine, que la plupart sont
français et que la République ne reconnaît que des citoyens. Cette cécité
militante suppose que les gens sont interchangeables et les immigrés des
voyageurs sans bagages. Peu importe en effet que les enfants soient noirs,
blancs ou jaunes s’ils deviennent des Français de cœur, de valeurs et de mœurs.
Ce qui transforme le
changement ethnique en Grand Remplacement, c’est la révolution culturelle qui
l’accompagne dans les faits. Comme l’ont noté Élisabeth Badinter, Gérard
Collomb ou François Hollande, qui à notre connaissance n’émargent pas à
l’extrême droite, on assiste bien à l’émergence d’un deuxième peuple (voire de
plusieurs autres peuples) vivant selon ses propres codes sur le territoire
français. On a le droit d’aimer ce changement à l’image des thuriféraires de la
nouvelle France, qui voudraient par ailleurs nous faire croire, sans rire, que
le prénom le plus répandu dans le « 9-3 » est Nicolas. On a aussi le
droit de s’en inquiéter, comme le font au demeurant beaucoup de descendants d’immigrés
dont les parents sont venus chercher en France la liberté qui n’avait pas cours
chez eux. Vivre à Montreuil comme à Bamako ou à La Courneuve comme à
Alger revient à affirmer que la France ne vaut que par sa prospérité – et ses
allocs.
D’un point de vue statistique,
cette mutation s’explique par deux facteurs : la poursuite de
l’immigration et la différence de fécondité entre les femmes « de
souche » et les autres. Certes, ce différentiel s’atténue au fil du
temps (chez les femmes de la troisième génération, il est presque nul). Mais avec un flux constant de
nouvelles arrivées, il y a toujours une « première génération ». Pour
autant, on se gardera d’affirmer que le Grand Remplacement résulte d’une
volonté assumée de changer le visage de la France. En réalité, les individus,
qui ont tous d’excellentes raisons de venir, en sont plutôt les vecteurs
inconscients que les agents organisés.
Répétons-le, ce ne sont pas
les différences ethnico-religieuses qui sont déterminantes, mais notre façon de
les accommoder. Autrement dit, si la mutation démographique se traduit par un
changement de peuple, c’est parce que la machine à fabriquer des Français s’est
totalement grippée. En partie parce que le grand nombre d’immigrés les dissuade
de tout effort d’adaptation – pourquoi changeraient-ils leur manière de vivre
quand c’est celle de tous leurs voisins ? –, mais surtout parce que,
honteux d’être ce que nous sommes, nous avons renoncé à toute exigence :
nous ne demandons même pas aux nouveaux venus la maîtrise de notre langue. Au
contraire, nous multiplions les contorsions pour nous adapter à eux. Certes,
nous avons fini, après moult tergiversations, par interdire la burqa,
trop visiblement contraire à nos mœurs mais, dès l’école, on
s’efforce de les persuader que leur culture a autant de droits, en France, que
la culture française, quand on n’explique pas, comme le candidat Macron, que
celle-ci n’existe pas. À l’arrivée, de jeunes Français appellent « mon
frère » ou « mon cousin » d’autres Français sur la seule base
d’une origine ethnique et/ou d’une religion commune.
Les belles illusions sur la
diversité heureuse n’y peuvent mais : l’actualité nous rappelle
quotidiennement que la coexistence de cultures n’est pas une promenade de
santé, surtout quand aucune d’elles n’est considérée comme une culture de
référence s’imposant à tous. Même dans les pays dont elle constitue la
tradition politique, la société multiculturelle est de moins en moins
pacifique. Et en France, comme le disait Gérard Collomb, le côte-à-côte menace
de plus en plus de se transformer en face-à-face.
Pour conjurer ce danger, il
faudrait à la fois stopper ou réduire au maximum le flux des nouveaux arrivants
et remettre en route la machine assimilationniste qui a transformé des millions
d’étrangers venus de partout en excellents Français. Ces choix politiques sont
aussi des impératifs démocratiques dès lors qu’ils correspondent à la volonté
d’une majorité de Français (de toutes origines). Il y a urgence : faute de réaction, la
France de demain ressemblera à un vaste hall d’aéroport. Le duty free en moins,
la violence en plus.
[1] Par
exemple : « Moi je n’ai jamais, au grand jamais, désiré une
adolescente, quelle horreur ! »
[2] Si l’on peut
dire, s’agissant de phénomènes que n’importe qui peut observer depuis des
années en se baladant dans nos villes.
[3] Remercions
Martin Pimentel, rédacteur en chef de causeur.fr pour ce travail si éclairant.
Titre et Texte: Élisabeth
Lévy, CAUSEUR,
15-9-2021
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