quarta-feira, 13 de janeiro de 2021

Charles Consigny : “Les GAFA vont de plus en plus se substituer au pouvoir politique dans la gouvernance des peuples”

Nicolas Clément

Deux jours après l’invasion du Capitole par des partisans de Donald Trump, les patrons de Twitter et Facebook ont banni le président des Etats-Unis de leur réseaux sociaux. Charles Consigny, avocat, revient sur cette décision autocratique et annonciatrice d’inquiétantes dérives à venir. Entretien.

Photo: Philip Conrad/Photo 12 via AFP

Valeurs actuelles. La récente censure dont Donald Trump, président des Etats-Unis, a fait l’objet sur Twitter et Facebook, est-elle symptomatique d’une dérive totalitaire des géants des réseaux sociaux contre le conservatisme ?
Charles Consigny. 
Cela me semble évident. Donald Trump, malgré tout ce que l’on peut lui reprocher, incarnait un pouvoir fort et volontariste auquel nous n’étions plus habitués. Par ailleurs, il gouvernait au nom des classes populaires et des oubliés de la sphère médiatico-politique… Son élection a très fortement déplu à l’establishment.

Depuis sa victoire en 2016, Trump assume avoir d’autres priorités que le politiquement correct, de ne pas lui être soumis et de ne pas lui laisser le pouvoir. Il est en rupture ouverte avec les valeurs des élites médiatico-politiques américaines. Celles-ci n’ont jamais accepté l’idée qu’il ait accédé à la Maison Blanche. Aujourd’hui, Twitter et Facebook reprochent au président sortant d’avoir fait, pendant deux semaines, ce que ses adversaires ont fait pendant quatre ans ! A savoir : refuser le résultat d’une élection. Forts de leur position monopolistique, les géants du numériques entendent se substituer au politique dans la gouvernance des peuples, notamment en décidant de qui peut s’exprimer ou non. L’élection de Joe Biden, qui débute triomphalement par la censure de son ancien rival, signe le retour implacable de l’establishment et de sa chape de plomb.

En août 2020, Twitter et Facebook censuraient déjà Donald Trump pour des propos sur le coronavirus. Trois mois plus tard, les chaînes de télévision américaines coupaient son intervention post-électorale du jeudi 5 novembre, prétextant qu’il mentait au sujet d’éventuelles “fraudes”. Comment expliquer que ces premiers signaux n’aient ému que très peu de commentateurs en France et ailleurs ?
Nous avons un sérieux problème d’uniformité idéologique au sein du monde médiatique. Mises à part quelques exceptions, qui font d’ailleurs incessamment l’objet de tentatives de censure, telles qu’Éric Zemmour sur CNews, une écrasante majorité de journalistes et de commentateurs pense la même chose. Notamment, tous sont purement, bêtement et simplement contre Donald Trump. Ainsi, lorsque des principes fondamentaux sont balayés pour lui nuire, cela ne dérange personne.

Il ne faut laisser aucune place à la censure.

On voit bien que ceux qui se revendiquent sans cesse comme les plus vertueux se fichent complètement du respect des libertés. Leur seul objectif est de prendre le pouvoir et de s’y maintenir. Trump ayant fait violemment vaciller leur influence, il est honni par ces gens. A noter qu’Hillary Clinton, ancienne concurrente démocrate du président sortant, s’est réjoui de son bannissement des réseaux sociaux. Cela devrait la disqualifier définitivement !

Les Etats-nations sont-ils devenus trop faibles face aux GAFA et autres géants de la Silicon Valley ?
Il est certain que les GAFA ont acquis une puissance colossale dans le monde actuel mais il est aisément observable que les Etats qui veulent garder le pouvoir sont en mesure de le faire, pour le meilleur et pour le pire. La manière dont l’Etat chinois met au pas ses entreprises les plus puissantes en est un exemple probant – il n’est évidemment pas souhaitable d’employer les mêmes méthodes ni même d’arriver aux mêmes fins. Mais cela démontre que le pouvoir politique peut garder l’ascendant, et si c’est un pouvoir démocratique qui agit dans le respect des règles de l’Etat de droit, il faut qu’il garde cet ascendant sur les trop grandes puissances privées qui ne servent pas l’intérêt général. D’ailleurs, on voit bien comment les GAFA ont traité Trump, qui a été un président très offensif durant son mandat.

Le système libéral, ce n’est pas “la loi de la jungle”.

On répète souvent que ce qui a lieu au Etats-Unis finit toujours par se reproduire sur le Vieux Continent. Comment se prémunir de l’arrivée de la “cancel culture” en France ?
Il ne faut laisser aucune place à la censure. Dans l’édition, sur les bancs de l’université, dans les médias… Nous ne devrions accepter aucune revendication émanant de la “cancel culture”. Il en va du devoir des intellectuels de faire face à cette influence américaine.

Quelles leçons faut-il retenir du bannissement de Donald Trump, du point de vue de la souveraineté numérique ?
Il faut démanteler les GAFA pour faire respecter les règles de la concurrence. Twitter, Instagram et Facebook sont en position de monopole et s’en servent pour appliquer une politique discrétionnaire. Il faut se saisir de ce sujet.

Vous êtes une des rares figures médiatiques françaises à défendre bec et ongles le libéralisme. Mais aujourd’hui, ne considérez-vous pas que le serpent libéral s’est mordu la queue, lorsque Google, Amazon et Facebook ont condamné à mort le réseau social “Parler”, pour sa trop grande liberté de ton ?
Peut-être. Toutefois, il me faut préciser que le système libéral n’est pas “la loi de la jungle”. On ne peut pas laisser s’exprimer des appels à la violence ou des théories haineuses et dangereuses sur les réseaux sociaux. Le libéralisme admet des interdictions et des limitations, précisément pour protéger les libertés fondamentales, telles que la liberté d’expression notamment.

Le bannissement de Trump par Zuckerberg et Dorsey montre bien qu’il faut toujours trouver un équilibre entre le pouvoir démocratique et le pouvoir économique.

En outre, le libéralisme défend l’application des règles de la concurrence ! Dans le cas précis, elles ne sont pas respectées. Ainsi, j’attribuerais davantage la concentration du pouvoir dans les GAFA, menant à la censure de “Parler”, à un “bug” dans la matrice libérale, lequel bug a toujours prévu son correctif qu’est le respect de la concurrence.

De la même manière, le comportement liberticide de Mark Zuckerberg et de Jack Dorsey, patrons de Facebook et Twitter, ne révèle-t-il pas que le libéralisme économique, poussé à l’extrême, peut nuire au libéralisme politique, lorsqu’il confère un pouvoir trop important à une poignée d’hommes d’affaires ?
En effet. Le bannissement de Trump par Zuckerberg et Dorsey montre bien qu’il faut toujours trouver un équilibre entre le pouvoir démocratique et le pouvoir économique. Mais je précise ici que la volonté de régulation de la société n’est pas en contradiction avec le libéralisme. En France, on ne peut être que libéral, en réaction à l’excès total de règles, d’interdictions, d’impôts, de taxes, de contrôles… Toutefois, concernant les pays dans lesquels le libéralisme est véritablement en vigueur, il nous faut réfléchir à des solutions pour endiguer les “bugs” et les dérives du système. La trop grande concentration des richesses et du pouvoir dans les mains d’un trop petit nombre fait partie de ces dysfonctionnements qui doivent être corrigés par le pouvoir politique.

Valeurs Actuelles, 13-1-2021, 7h

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