Clémence de Longraye
Réactionnaires, xénophobes,
catholiques conservateurs… Dans le dossier que le magazine L’Obs consacre,
cette semaine, aux médias du groupe Bolloré (CNews, C8, Le
Journal du dimanche, Paris Match, Europe 1), les
qualificatifs outranciers ne manquent pas. Sans grande originalité, à l’heure où il est de bon ton de taper sur CNews,
Hanouna et Bolloré, l’hebdomadaire propose donc une analyse à charge contre le
groupe de presse. Au programme : caricatures et insinuations.
Reductio ad hitlerum
Dès la couverture, le ton est donné. Le titre, tout d’abord - « Réac Info » -, ne laisse que peu de doutes quant au parti pris assumé des journalistes. L’illustration, ensuite, peut paraître équivoque. Sur fond rouge, les visages des principaux animateurs (Pascal Praud, Laurence Ferrari, Sonia Mabrouk, Cyril Hanouna) et chroniqueurs (Charlotte d’Ornellas, Geoffroy Lejeune) sont disposés de telle manière qu’un œil averti pourrait y déceler une référence aux heures sombres de l’Allemagne. De là à penser que la rédaction de L’Obs a choisi de faire délibérément référence au nazisme, il n’y a qu’un pas…
🗞️ Cette semaine dans @lobs 🗞️
— L'Obs (@lobs) February 28, 2024
RÉAC INFO : POURQUOI LES MÉDIAS BOLLORÉ INQUIÈTENT
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Mais plus que la forme, le
contenu du dossier sonne comme un réquisitoire. Dès l’éditorial d’introduction
de Sylvain Courage, les médias de la sphère Bolloré sont accusés de « véhiculer
un message réactionnaire qui ouvre la voie à la droite de la droite ». « Purge » des
rédactions, « fake news », « croisade »…
Vincent Bolloré devient, sous la plume des journalistes de L’Obs,
un dirigeant totalitaire qui œuvrerait à l’avènement de la droite (ou plutôt de
l'« extrême droite », pour reprendre le lexique du magazine) au
pouvoir. Son crime originel ? Avoir osé « honorer le saint du jour » en
première page du quotidien Direct Matin. Faut-il rappeler à la
rédaction de L’Obs que TF1, chaîne que l’on peut
difficilement accuser de faire le jeu de l’extrême droite ou de mener une
croisade ultraconservatrice, annonce également le saint du lendemain à la fin
de ses bulletins météo ?
Croisade des médias de
gauche
Pour appuyer ses accusations
et enfoncer définitivement le clou, L’Obs finit son dossier en
donnant la parole à l’historien Alexis Levrier. Avec cet entretien, la reductio
ad hitlerum subliminale de la couverture devient tout de suite
beaucoup moins subtile. L’historien, sans contradiction, amalgame ainsi les
médias de la sphère Bolloré avec les journalistes nationalistes français de
l’entre-deux-guerres. S’il concède qu’on ne peut accuser CNews d’antisémitisme,
il ne semble pas avoir de difficultés, en revanche, à accuser la chaîne de
flirter avec la xénophobie et le racisme. Pour lui, la « filiation [est] évidente
» entre la frange antisémite de la presse française des années 1930 et
les rédactions de CNews, Europe 1 et du JDD.
Et sans la moindre gêne, Alexis Levrier poursuit sa comparaison nauséabonde.
Pascal Praud est ainsi associé à Louis Darquier de Pellepoix, négationniste,
connu pour son engagement antisémite et sa collaboration avec l’Allemagne
nazie. Ils n’ont honte de rien….
L’Obs n'est pas le
premier - et sûrement pas le dernier - à taper sur CNews, C8 et Europe
1. Il y a une semaine seulement, c’était ainsi Télérama qui
consacrait sa une, intitulée « Le Grand Remplacement de l’info »,
au canal 16 de la TNT. Au milieu de ces pages, une caricature réduisait à
nouveau Pascal Praud, Laurence Ferrari et Geoffroy Lejeune à des petits soldats
nazis.
Oh une reductio ad hitlerum, il y avait tellement longtemps. Quelle originalité, quelle créativité @Telerama https://t.co/i6ifNz8eT2
— Gabrielle Cluzel (@gabriellecluzel) February 22, 2024
Il n’y a, par ailleurs,
quasiment pas une semaine sans que Libération, qui avait en 2021
titré « Le spectre de la bande FN » pour parler
d’Europe 1 et CNews, insinuant donc que les
journalistes de la station de radio et ceux de la chaîne d’information en
continu menaient un combat politique, ne s’attaque à CNews.
Régulièrement, le quotidien dénonce « l’absence de journalisme » sur les plateaux
de la chaîne et « les bobards » du média. Le
Monde ou encore Mediapart - dont on se rappelle le documentaire à charge contre Bolloré en 2022 -
surfent également sur la tendance du « CNews bashing ». Derrière ces attaques
répétées et caricaturales se cache, en réalité, un vrai sentiment de gêne
: CNews et son succès dérangent. Ces médias bien-pensants qui
avaient jusque-là la mainmise sur l'opinion découvrent la concurrence et le
pluralisme, et cela ne semble pas du tout les satisfaire. Mais toutes ces
critiques ne semblent pas ébranler les journalistes des médias Bolloré. Comme
le confie, cette semaine, la présentatrice Christine Kelly dans les pages
de VSD, « plus on nous tape dessus, plus les
audiences s’envolent ».
Titre et Texte: Clémence de
Longraye, Boulevard Voltaire, 1-3-2024, 20h53
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