quinta-feira, 8 de abril de 2021

[Livros & Leituras] Les tyrannies de l’épidémie – Un livre féroce et nécessaire

“Un style brillant”
Marie-Laetitia Bonavita, Le Figaro

“Il pose sans façon la question la plus taboue du moment”
Claire Chartier, L’Express

“Un essai courageux, argumenté et magnifiquement écrit”
Jean-Cristophe Buisson, Le Figaro-Magazine



« Nous sommes en guerre »
Dès le 16 mars 2020, Emmanuel Macron donne le ton, mais ne dit pas la vérité. Ce soir-là, il s’adresse à plus de 35 millions de téléspectateurs ; la finale de la Coupe du monde de football remportée par la France, en juillet 2018, n’avait intéressé « que » 26 millions de Français ; et celle de 1998, face au Brésil, « à peine » 20 millions. Autant dire que le président de la République a été écouté par tous les citoyens en âge et en état de comprendre ce qui se dit à la télévision… C’est la première victoire du pouvoir : réunir, à défaut de rassembler. Tout le monde se sent concerné, parce que tout le monde a peur d’attraper le virus, et d’en mourir… Le 23 octobre, soit sept mois et une semaine après cette allocution présidentielle, la France franchit officiellement le cap du million d’habitants ayant contracté la Covid-19. Trente-cinq millions, contre un million… Après 29 semaines, 2,8 % des téléspectateurs ont donc été malades : pour que l’ensemble de l’audimat du 16 mars soit touché, il faudrait, à ce rythme, 1 015 semaines, soit près de vingt ans. De mars à octobre, 35 000 personnes sont mortes, soit un téléspectateur sur mille, 0,1 %… Pendant la Première Guerre mondiale, la France a mobilisé au total 8 millions d’hommes, et 1,4 million ne sont jamais revenus, soit un taux de mortalité de 17,5 %. Le coronavirus est nettement moins efficace que la mitrailleuse allemande…

Et pourtant, ce 16 mars au soir, à six reprises, les Français entendent la même phrase, antienne du saisissement général et de l’émotion incandescente : « Nous sommes en guerre. » Ce n’est plus une métaphore, c’est une anaphore. Évoquant le « Moi, président ! » de François Hollande, lors du débat d’entre deux tours face à Nicolas Sarkozy, en 2012, ce « Nous sommes en guerre » doit devenir le mantra d’Emmanuel Macron, sanglé dans un uniforme antiviral invisible, mine grave comme les événements, et verbe martial, comme s’il s’agissait de jouer un « 18 juin » sanitaire. « Nous sommes en guerre », ce peut être, à la limite, le slogan du soutien aux personnels soignants : eux, en effet, risquent leur vie à approcher les malades et ce virus inconnu, à gérer les réanimations débordées et les pénuries diverses. Le président s’adresse d’ailleurs à eux, en filant la métaphore du pays mobilisé derrière ses « poilus », l’arrière prenant soin du front : « La Nation soutiendra ses enfants qui, personnels soignants en ville, à l’hôpital, se trouvent en première ligne dans un combat qui va leur demander énergie, détermination, solidarité. Ils ont des droits sur nous. » La blouse blanche remplace le pantalon garance, car ces combattants montent à l’assaut bien mal équipés, comme les pioupious de 1914. Frôlant même l’incongruité du maréchal Edmond Le Bœuf, qui assurait en 1870, juste avant une cinglante défaite face aux Prussiens, qu’« il ne manquerait pas un bouton de guêtre à nos soldats », Emmanuel Macron promet : « Nous leur devons des masques, du gel, tout le matériel nécessaire, et nous y veillons et veillerons. » Ce qui n’empêchera pas quelques hôpitaux de devoir bricoler des blouses de protection en découpant des sacs poubelle. Mais peut-être est-ce à cela qu’on reconnaît une guerre, surtout quand on est incapable de la gagner : l’intendance ne suit jamais.

« Nous sommes en guerre, en guerre sanitaire, certes : nous ne luttons ni contre une armée, ni contre une autre nation. Mais l’ennemi est là, invisible, insaisissable, qui progresse. Et cela requiert notre mobilisation générale. » Rien n’est pertinent dans cette phrase, et la métaphore belliciste fournit un bel emballage à une série de truismes, d’aveux d’impuissance et de contre-vérités. D’abord, le virus n’est pas un ennemi, c’est un danger. Il ne nous a pas déclaré la guerre, il n’a rien contre les Français, pas plus contre le genre humain, il ne demande qu’à vivre sa vie de virus, indifférent à ce qu’elle se déroule dans le ventre d’un pangolin, la cervelle d’une chauve-souris, le museau d’un vison danois2 ou le poumon d’un octogénaire chinois. Le virus ne nous a pas plus déclaré la guerre que ne le font les tornades ou les incendies. Il est aussi abusif de prétendre que la Covid est une guerre que d’affirmer qu’il s’agit là d’une vengeance de la nature. Cet effet de rhétorique est un anthropomorphisme de propagande.

Jacques Attali, au contraire, rapproche le phénomène épidémique de l’engrenage belliciste, dans L’Économie de la vie 3 : « Quand a commencé cette pandémie, comme quand commence une guerre, le monde a basculé en quelques heures ; comme au début d’une guerre, personne, ou presque, dans presque aucun pays, n’avait de vraie stratégie. Comme en août 1914 et en septembre 1939, on a d’abord pensé que cela ne durerait que quelques mois. Comme pendant une guerre, les libertés fondamentales sont et seront malmenées ; bien des gens sont morts et mourront ; bien des chefs seront balayés. »

Quand bien même il s’agirait d’une guerre d’un nouveau type, comme celles que mènent les héros de science-fiction contre des extraterrestres surgissant de nulle part, c’est une étrange tactique que déploie le généralissime Macron. « Cela requiert notre mobilisation générale », décrète-t-il, tandis que son gouvernement nous impose de… nous cacher ! Le 17 mars 2020, Christophe Castaner, ministre de l’Intérieur, est martial : « La règle générale est claire, simple : restez chez vous. » Il ne dit pas « rester chez soi », mais « restez chez vous ». L’impératif l’emporte sur l’infinitif, il s’agit d’un ordre et non d’un mot d’ordre. Curieuse mobilisation que l’assignation à résidence ! La levée en masse consiste à mettre sur pied une armée de planqués ! On ne demande pas aux citoyens les plus solides de se présenter à l’hôpital pour donner un coup de main, pas même de mettre les bouchées doubles au travail pour que les plus fragiles puissent rester à l’abri, pas plus de faire les courses des plus âgés pour qu’ils se terrent aisément. Le maximum de la guerre déclenchée par le pouvoir, c’est la défense passive, le « tous aux abris » qui transforme chaque porte d’immeuble en ligne Maginot du pauvre. Face au virus, le gouvernement ne nous demande certes pas de capituler, mais de nous calfeutrer. On a connu des guerres plus glorieuses, et des offensives plus courageuses… Où sont donc passés d’Artagnan et ses mousquetaires, que sont devenus Cyrano et son panache ?

Le « nous en sommes en guerre » présidentiel a une autre fonction, qui n’est ni militaire ni médicale : il s’agit de dramatiser par un registre lexical guerrier afin d’assurer la sidération du peuple. C’est, si l’on ose dire, de bonne guerre, puisque la discipline, qui est « la force principale des armées » selon le sempiternel livret militaire, est aussi la garantie de l’ordre. Comme il est impossible de mettre un policier derrière chaque Français, il faut que chaque Français intègre l’esprit policier, se fasse lui-même la police. Il faut reconnaître que la réussite est exemplaire. À l’exception de quelques zones urbaines rétives à toute consigne et promptes à n’importe quelle transgression, le territoire français se vide avec zèle et obéissance. C’est une véritable « opération ville morte »… même dans les campagnes où l’on ne verra pas un seul contaminé avant l’été, même dans les zones éloignées du front sanitaire. Les Français n’obéissent pas parce que les morts s’accumulent devant leur porte, ils obéissent parce qu’ils obéissent. Peur du virus, même quand il est loin ? Peur du gendarme, même quand il n’est pas là ? Sans doute, mais aussi soumission spontanée, servitude volontaire. Ont disparu en une minute les « Gaulois réfractaires », capables de défier l’autorité pour défendre quelque droit acquis, quelque privilège social, quelque confort ; il ne reste soudain que les Gaulois poltrons, ceux qui craignent que le ciel ne leur tombe sur la tête, ou qu’un masque à oxygène ne leur tombe sur le nez…


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