Nicolas Gauthier
C’était ce 17 avril, sur France 5, lors de l’émission « C l’hebdo ». Nous sommes là entre humanistes de haute volée. Ce qui explique la présence en ces lieux de Pierre-Henri Tavoillot [photo], philosophe et maître de conférences à la Sorbonne. Il y est question de la crise, à la fois politique et démocratique, que la France est en train de traverser. Jusque-là, rien que de très balisé, et inutile de compter sur ces gens trop bien élevés pour gâcher cette fête de l’esprit.
Mais, c’est précisément ce
moment que choisit le même Tavoillot pour boire l’eau des rince-doigts, avant
de tirer la nappe et de renverser la table. Ainsi, et à l’en croire, pour
qu’Emmanuel Macron puisse retrouver une forme de légitimité, il n’y aurait plus
que « le référendum, instrument extrêmement intéressant ». Là,
on l’écoute. Puis, parti sur sa lancée, cet ancien conseiller de Jack Lang
précise : « À condition qu'on réponde à la question et non pas à celui
qui la pose. » Tiens, tiens, ne serions-nous pas en train de
sortir des sentiers mille fois battus et rebattus ? Oui.
Sur France 5, le philosophe Pierre-Henri Tavoillot émet l'idée d'un référendum sur l'immigration ; tout le plateau lui tombe dessus pic.twitter.com/SvhzcXnTeF
— Fdesouche.com est une revue de presse (@F_Desouche) April 19, 2023
Et notre professeur en philosophie de jeter un très gros froid sur le plateau : « Je pense que la question migratoire est une question qui est typiquement de référendum. » Du coup, tout le monde semble se réveiller. Et les objections d’aussitôt fuser en un invraisemblable brouhaha où le mot de « démagogie » revient en chœur antique. Et le pire, ou le mieux (c’est au choix), c’est que Pierre-Henri Tavoillot insiste : « La question migratoire est un sujet qui fait aujourd’hui l’objet d’un débat purement moral, entre ceux qui considèrent que l’immigration est une chance pour la France et les autres qui la tiennent pour un boulet. » Et le coup de grâce pour la fin : « Le référendum me paraît être un moyen de trancher les choses en sortant du débat idéologique. »
Au lieu de répondre à la
question, tout le monde s’esclaffe, avec ce petit rire méprisant de « ceux qui
savent » vis-à-vis de « ceux qui ne savent pas ». Salauds de pauvres ! Et notre
diable d’homme d’en remettre une ultime couche : « On voudrait
consulter le peuple sur les retraites, mais on ne pourrait pas le consulter sur
l’immigration… »
Pour la petite histoire, on
notera que dans le studio de France 5, rares sont les représentants
de la « diversité ». Celle des beaux quartiers, non « racisée », pour reprendre
la vulgate à la mode, y étant manifestement plus que majoritaire ; un peu comme
dans les réunions d’autres CSP+, celles d’EELV, soit dit en passant.
Pour anecdotique qu’elle soit,
cette affaire pose au moins deux questions.
La première consiste à
rappeler que cette France d’en haut bienveillante et inclusive est justement à
l’abri des « bienfaits » de cette immigration incontrôlée réservée à
celle d’en bas. Ce qui ne l’empêche évidemment de sûrement bien traiter son
personnel de maison et ses livreurs à domicile, taillables et corvéables à
toute heure du jour et de la nuit.
La seconde oblige à rappeler
que la déferlante migratoire n’est pas que le fait d’intellectuels de gauche
fortunés et trop souvent déconnectés du quotidien de leurs compatriotes
désargentés, mais qu’elle obéit à une logique libérale autrement plus ancienne.
Bref, celle de ce grand patronat qui, depuis les années 60 du siècle dernier,
importe des immigrés par wagons entiers pour ensuite mieux les sous-payer ; ce,
au détriment des ouvriers français. Georges Marchais, historique secrétaire
général du PCF, ne disait pas autre chose à l’époque.
Il est vrai que lui avait lu
Karl Marx, qui prophétisait déjà que l’immigration serait « l’armée de
réserve du grand capital ».
Le pire est que dans cette
affaire, il n’y a plus que des malheureux. Ici coupé de ses racines, l’immigré
n’est pas forcément le plus heureux des hommes. En permanence stigmatisé parce
qu’il vote Le Pen, l’ouvrier français ne souffre pas non plus d’un trop-plein
de bonheur. Les trafiquants de chair humaine, eux, en revanche, peuvent se
frotter les mains. Des dizaines de milliers d'étrangers se pressent à nos
portes pour mieux se faire exploiter, ignominie bénie par des nigauds de
gauche, au nom des grands principes, et par des andouilles de droite, en celui
du libre-échange des biens et des personnes.
Alors, oui, un référendum,
pourquoi pas ? Même et surtout si c’est Pierre-Henri Tavoillot qui le
demande.
Titre et Texte: Nicolas
Gauthier, Boulevard
Voltaire, 20-4-2023
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