Journalisme « orienté »

La presse vient de nous montrer ce qu’est le « journalisme orienté » à l’occasion des élections législatives israéliennes.

Patrick van Straaten

1 – Silence sur les faits

Une coalition globalement à gauche a été au pouvoir pendant 18 mois avant d’être mise en minorité. Elle contenait tous les partis de gauches et d’extrême gauche ainsi que les centristes, mais également des partis arabes et certains partis de droite.

Les électeurs de ces partis de droite n’avaient jamais été mis au courant des intentions de leurs dirigeants de faire une alliance à gauche et avec les partis arabes. Ils viennent de payer le prix d’une magouille électorale jamais vue.

Que penseraient les électeurs du Parti Socialiste si leurs dirigeants faisaient soudain alliance avec Eric Zemmour et Marine le Pen ? Ils se sentiraient trahis bien évidemment ! Et bien là c’est pareil.

Cette situation n’est jamais exposée au public français.

2 – Les mensonges des poursuites contre Netanyahu.

Si Benyamin Netanyahu n’avait plus de majorité depuis la fin 2018, c’est principalement à cause de 4 affaires judiciaires où il était mis en examen. La justice a avancé en 2 ans, les dossiers se sont révélés bien vides et les enquêtes initiales souvent à charge. Le public israélien a suivi ces évènements judiciaires et beaucoup ont conclu avoir été manipulés.

Là encore le public français n’a jamais été informé. Bien au contraire, la presse française continue de décrire l’ex, et futur, Premier ministre israélien comme un repris de justice.

3 – Un exceptionnel exercice de la démocratie.

Quatre élections législatives en 2 ans, il y a de quoi épuiser les électeurs. Malgré cela, lors de la précédente édition en février 2020 l’abstention était encore de 32,5 %.

Et pourtant pour ce 4eme tour, l’abstention a encore baissée à 26,9 %. Les Israéliens ont eu un sursaut citoyen et sont venu plus nombreux donner leur avis dans les urnes.

A titre de comparaison, en France lors des dernières législatives, l’abstention a été de 53,8 % au second tour. Rien moins que le double.

Encore un point, pourtant factuel, que la presse passe sous silence.

Par contre la presse unanime a décrit une effroyable arrivée de ce qu’ils appellent « l’extrême droite », repeindre les juifs aux couleurs du fascisme étant leur premier axe idéologique.

4 – Petite revue de presse

France 24 – Législatives en Israël : Yaïr Lapid, défait électoralement mais « chef incontesté de l’opposition » … Très faux, Lapid est très critiqué dans son parti pour sa gestion de campagne qui a écrasé ses partenaires et aggravé la défaite. Quant aux partenaires en question, mieux vaut ne même pas en parler.

Médiapart – Israël : vers une nouvelle théocratie au Proche-Orient ? … Du grand n’importe quoi. Notons que Médiapart ne s’est jamais montré moindrement gêné à propos des multiples théocraties musulmanes, bien réelles, qui appliquent la charia.

Courrier international – Nétanyahou, vainqueur des législatives ou otage de l’extrême droite ? Il y a 18 mois, Courrier International n’avait jamais écrit que la gauche israélienne était « l’otage des partis arabes pro-terroristes ».

BFM – Élections en Israël : le premier ministre palestinien déplore la « montée de l’extrémisme ». Du grand art : donner la parole à un spécialiste de la démocratie qui se maintient au pouvoir sans élections depuis 13 ans (élu en 2005 pour 4 ans …) et subventionne le terrorisme en versant des rentes aux familles de kamikazes.

La Croix – L’extrême droite, grande gagnante des élections en Israël. Le premier parti israélien est plus que jamais le Likoud, mais ce n’est pas grave…

Le journal du dimanche – « Un vrai danger pour l’Etat de droit » : pourquoi le probable retour au pouvoir de Netanyahou inquiète. Ou comment présenter une élection démocratique comme un coup d’Etat.

Liste non exhaustive : la quasi-totalité des journalistes français a actuellement la bave aux lèvres.

Titre et Texte: © Patrick van Straaten pour Dreuz.info., 3-11-2022