Aurélien Marq, FYP Éditions, septembre 2023, 368 pages.
Face au retour de l’obscurantisme et de la
soumission des hommes, refuser l’arbitraire
Le livre d’Aurélien Marq nous apporte
des clés philosophiques pour penser le choc de civilisations que beaucoup
redoutent.
Céline Pina
Quand j’ai reçu les épreuves
du livre d’Aurélien Marq pour
en écrire la préface, je visitais les plages du débarquement de Normandie avec
mes enfants. Aujourd’hui que je dois en faire la recension, nous sommes après
une tragédie atroce, celle du 7 octobre, où des islamistes ont montré très
concrètement que les nazis avaient des héritiers et successeurs et que les
horreurs antisémites recommençaient.
Dans les allées du cimetière
de Colleville-sur-Mer, j’ai expliqué à mes enfants que l’on voyait bien, dans
la jeunesse de ces vies fauchées, dans leur nombre, le prix que coûtent la
lâcheté et le déshonneur. Mais cet été encore, je pensais qu’eux n’auraient pas
à payer de prix. La faiblesse face à l’Allemagne nazie a détruit des vies par
dizaine de millions. Mais cet été encore, je pouvais encore dire que ces morts
n’avaient pas été vaines et qu’elles nous avaient légué une conscience
humaniste plus forte, que face à l’horreur des camps, s’était élevé un
« plus jamais ça » qu’il nous appartenait de rendre réel.
Nouvelle menace
Aujourd’hui je sais que nous avons échoué. L’antisémitisme est de retour. Et si la plupart d’entre nous rejettent le terme de guerre de civilisation face au chaos qui semble gagner ce monde, c’est parce que l’on pense être du côté des perdants. Aurélien Marq, lui, assume le fait que nous assistions à la montée des lignes de fractures qui montrent que deux visions du monde et de l’homme s’affrontent. Celle, universaliste et humaniste, qui a donné naissance à la démocratie et qui mise sur le libre arbitre, la raison et le logos et celle autoritariste qui vise à soumettre l’homme et à le dépouiller de toute autonomie pour en faire la simple partie interchangeable d’un Tout. C’est exactement ce que refuse Aurélien Marq. À travers Refuser l’arbitraire, c’est une voie vers l’avenir qu’il propose, une voie qui parle de la noblesse du courage et de la nécessité de la lutte, une voie qui rappelle que nous avons dans notre culture des ressources qui nous arment contre le retour de l’obscurantisme et de la soumission des hommes.
Il nous dit aussi autre
chose : combattre, comme l’ont fait ces soldats, ces héros de la seconde
guerre mondiale, c’est être prêt à mourir certes, mais c’est aussi être prêt à
tuer. Le sacrifice est une dimension du combat, mais on ne se bat pas pour se
sacrifier. Il reste une question lancinante : pour quoi serais-je prête à
me battre mais aussi pour quoi serais-je prête à ce que mes enfants risquent
leur vie ? Pour quoi serais-je prête à ce que mes enfants tuent ? Que
penserais-je, que ressentirais-je, si aujourd’hui mes enfants portaient
l’uniforme de Tsahal et partaient combattre, c’est-à-dire tuer et peut-être
mourir, pour empêcher que se reproduise le déchaînement de sadisme auquel s’est
livré le Hamas le 7 octobre ? Je déteste devoir me poser ces questions. Je
les fuis. Je vomis le monde qui m’oblige à me les poser et les politiques qui
nous ont mis dans cette situation. Il n’en reste pas moins que ces questions
sont là. Tenaces, insistantes, réelles. Que derrière ces questions encore
abstraites, il y a à Israël et à Gaza des morts, elles, bien réelles. Dans ce
livre, Aurélien Marq montre que l’évolution de nos sociétés rend ces questions
urgentes. Et l’actualité ne lui donne par tort, hélas. Il propose donc des
pistes pour y répondre, pour regarder en face les réalités les plus dures sans
perdre ni courage ni espoir.
Un appel à défendre notre
civilisation
Et pour y arriver, le livre
passe par une forme de méditation philosophique qui convoque Socrate, Mencius
en passant par Arnaud Beltrame. Des premiers chants d’Homère au wokisme, les
références sont multiples, à la fois classiques et actuelles. Réflexion sur la
dignité humaine face au consumérisme, sur la beauté face aux évolutions de
l’art post-moderne, sur la vérité et le débat intellectuel face à la tentation
de la censure, sur la cohésion nationale face à une délinquance de plus en plus
violente, le livre ne pose pas le simple constat de notre décadence, c’est
surtout un recueil de propositions concrètes pour réformer l’Etat et pour agir
en tant que citoyens.
Déclaration d’amour à la
civilisation européenne et à sa décence commune, aux hommes et aux femmes qui
l’ont faite, des plus célèbres aux plus humbles, ce livre est un appel à
défendre cette civilisation. Pas seulement parce qu’elle est la nôtre, mais parce
qu’elle a apporté au monde des choses uniques et précieuses, au premier rang
desquelles la liberté de conscience, l’abolition de l’esclavage, le
raisonnement scientifique, l’égalité en droit… Parce que malgré ses erreurs et
ses fautes, cette civilisation à la fois gréco-romaine et judéo-chrétienne
cherche à trouver un moyen de faire grandir les hommes, de les gouverner et de
forger le lien citoyen à travers la quête du Juste, du Vrai, du Beau et du
Bien. Elle a encore beaucoup à offrir au monde, aux hommes et à chacun d’entre
nous.
Le 7 octobre nous a fait
basculer dans un monde nouveau. La barbarie est là, elle s’est déchainée en
Israël. Elle monte en Europe et se traduit par l’explosion des crimes
antisémites et les menaces qui pèsent sur notre quotidien. Dans ce clair-obscur
où naissent les monstres et où se fabriquent les narratifs qui les revêtent de
peaux de moutons, le livre d’Aurélien Marq m’apparaît encore plus pertinent que
lorsque je l’ai découvert. Refuser l’arbitraire nous oblige à
nous poser des questions essentielles et appuie là où cela fait mal – tout en
nous rappelant qu’il n’y a pas de fatalité au déclin, et que nous sommes riches
d’une immense tradition dans laquelle nous pouvons puiser de quoi nous réarmer
moralement et intellectuellement.
Texte: Céline Pina, Causeur,
10 novembre 2023
Refuser l’arbitraire
propose une analyse percutante des idéologies qui, sous le masque du progrès ou
au nom d’injonctions théocratiques, s’emploient à éroder les fondements de
notre civilisation millénaire. En s’appuyant sur des faits sourcés et
irréfutables, Aurélien Marq dénonce avec lucidité les courants qui cherchent à
nous couper de nos racines et à nous affaiblir pour nous détourner de la quête
du Juste, du Vrai, du Beau et du Bien qui est au cœur de notre riche héritage
européen, celui des philosophes et des chevaliers. Il traite en profondeur des
sujets tels que l’identité, l’immigration massive, la violence, les enjeux de
la laïcité et de la liberté d’expression. Il nous pousse à nous interroger sur
les choix déterminants que nous devons impérativement faire pour préserver
notre liberté et garder l’âme de notre culture.
Ce document de référence nous fait prendre conscience de notre responsabilité individuelle et collective dans ce moment charnière de notre histoire. Véritable plaidoyer pour un réarmement moral, intellectuel, politique et spirituel, il nous rappelle que nous sommes la civilisation d’Athéna et le peuple de Jeanne d’Arc, et que nous avons tous un rôle à jouer pour défendre ce qui mérite de l’être.
Polytechnicien, haut fonctionnaire et essayiste, Aurélien Marq est spécialiste des questions de société et de sécurité intérieure. Il publie régulièrement des tribunes et des articles, notamment pour le magazine Causeur et la revue Front Populaire
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